The Merge : Le Superbowl des cryptomonnaies

Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

Pour ceux qui se tiennent informés de la cryptomonnaie (que ce soit directement ou indirectement), le Merge est évènement longuement attendu sur la chaîne de bloc Ethereum. Il s’agit d’une mise à jour du mécanisme utilisée par la blockchain, changement important, mais risqué. Cette mise à jour permet entre autres de se conformer aux exigences d’aujourd’hui, en plus d’élargir son accessibilité. Un évènement 2-en-1 : un au revoir, et une bienvenue.

Commençons d’abord par une mise à niveau rapide pour les moins familiers. La blockchain Ethereum ($ETH) est la 2e chaîne d’importance dans les cryptomonnaies, tout juste derrière le réseau du Bitcoin ($BTC). De nombreux projets, ou alt-coins, sont bâtis sur la blockchain Ethereum, signifiant qu’ils utilisent cette chaîne de blocs afin de transiger leur propre monnaie. La cryptomonnaie native de la blockchain est l’Ether, qui est à la fois utilisé comme un actif, moyen de paiement des frais de réseau et autres. La génération de blocs (ou mining), est réalisée via les participants, qui contribuent au réseau. Ces contributions génèrent les blocs qui contiennent entre autres, les données de transaction, de portefeuilles cryptographiques et smart contracts déployés sur la blockchain.

La contribution de ces participants se fait notamment par voie de compétition entre les mineurs de blocs. Il s’agit en réalité d’une course entre ces participants, afin de résoudre un algorithme complexe, poussé par le réseau. Une fois résolu, ou validé comme le jargon le veut, le prochain bloc de la chaîne est créé, et la transaction suivante y est inscrite, conservant toutes les informations. Le cycle se répète sans cesse, comme une boucle sans fin. Comme il s’agit de résoudre un problème complexe, le participant ayant le meilleur équipement informatique et électronique, sera en mesure de réussir et se voir ainsi octroyé la rémunération attachée à la production dudit bloc. Il s’agit d’un processus extrêmement énergivore et encore plus difficile pour l’équipement physique, qui doit endurer des températures extrêmes durant ces moments de résolution (un peu comme notre cerveau en temps d’examen!) Cette méthode de fonctionnement se nomme le Proof of Work (ou PoW), comme quoi le participant doit prouver son travail jusqu’à résolution de l’algorithme, et s’apparente grandement au même fonctionnement que le Bitcoin.

Le Merge de la blockchain Ethereum veut cependant migrer vers un autre mécanisme de production de blocs. Une prouesse technologique de taille, considérant qu’aucune autre chaîne n’a procédé à une migration de ce genre. Le Proof of Stake (ou PoS), se veut être le mécanisme utilisé pour l’Ethereum. Le Proof of Stake, contrairement au Proof of Work, ne requiert pas la résolution d’algorithme. Il choisit plutôt aléatoirement un valideur afin de créer un bloc, qui sera ensuite validé par d’autres afin d’attester l’authenticité et la véracité des informations inscrites sur ledit bloc créé. Devenir un valideur requiert 32 Ether (ou l’équivalent d’environ 55 000$ en date du 12 septembre), mais aucun équipement informatique de pointe. On peut également se rappeler que 32 Ether pouvaient être achetés en début 2020 pour moins de 5 000$. Et comme il n’y a aucune résolution complexe, un minimum d’énergie est utilisé à travers ce mécanisme.

L’annonce du Merge a été faite en octobre 2020, soit il y a près de 2 ans. À cette époque, un contrat de dépôt d’Ether a été créé et déployé. Ce contrat prévoyait notamment la réception d’Ether du présent système, afin de créer une nouvelle chaîne de test (affectueusement baptisée Beacon chain) débutant en décembre 2020, agissant comme une chaîne de test hors ligne. Pour ceux et celles qui n’avaient pas les 32 Ether requis afin de devenir valideur (ou opérateur de node), des fonds communs ont été ouverts afin de regrouper les petits joueurs et ainsi atteindre les 32 Ether requis. Le Merge, ou fusion en français, fait donc référence à la fusion des 2 chaînes parallèles, soit le Mainnet, ou chaîne présentement en fonction (en Proof of Work), avec la Beacon chain (soit celle en Proof of Stake).

Source: Ethereum Foundation

Et pourquoi est-ce un évènement majeur pour la cryptomonnaie ? Eh bien, comme mentionné auparavant, il s’agit d’une opération attendue depuis 2 ans. Une opération qui demeure risquée opérationnellement et qui a vu de nombreux tests et chasse aux bogues, ayant le potentiel de bloquer ou repousser la migration. Aucune autre blockchain n’a fait de telle migration, et encore moins de telle ampleur. La capitalisation de l’Ethereum est d’environ 209 milliards Américains et hôte de centaines de projets sous-jacents de cryptomonnaies alternatives.

Le point d’attraction majeur cependant, est la réduction des émissions et de consommation d’énergie. La résolution d’algorithmes complexes, quoiqu’efficace, consomme beaucoup d’énergie. Une consommation annuelle mondiale de 112 térawattheures est consommée par la chaîne de bloc Ethereum. À titre de comparaison, le Québec, plus grand producteur national d’électricité, en 2019, produisait 213 térawattheures. Ou encore, il s’agit de la consommation annuelle des Pays-Bas en une année. La réduction contemplée par le Merge, est de 99.95%. Quoique la rapidité et les coûts reliés aux transactions procédées sur la chaîne Ethereum ne risquent pas de s’améliorer avec cette migration, l’écosystème devient très attrayant pour les investisseurs institutionnels, qui se voyaient jusqu’ici grandement limités sur les investissements en cryptomonnaies dues à leur propension énergivore. Cette réduction majeure amène un nouveau portrait pour ces investisseurs, ayant maintenant la possibilité de diriger leurs propres nodes et ainsi devenir valideurs. Devenir valideur signifie avoir accès à un actif cryptographique, et ainsi récolter les fluctuations, bonnes ou mauvaises, de celui-ci, mais également de récolter les revenus découlant de leurs nodes (créant et validant les blocs créés).

Cet évènement convoité est prévu pour le moment ce jeudi (14 septembre). La date et heure exacte sont inconnue, puisque celles-ci fluctuent en fonction de la production actuelle de blocs sur la chaîne.

Ah, j’oubliais presque, la Banque du Canada a augmenté son taux directeur de 75 points de base (ou 0.75%) la semaine dernière, le rendant maintenant à 3.25%. Comme quoi les hypothèques à taux variable seront maintenant plus dispendieuses, raison de plus pour trouver des revenus additionnels afin de contrer cette hausse!

Sources :

https://www.lesaffaires.com/techno/internet/ethereum-est-sur-le-point-de-devenir-plus-ecologique-et-plus-remuneratrice/635888

https://www.coindesk.com/tech/2022/09/07/ethereum-merge-what-you-need-to-know/

https://www.cbsnews.com/news/ethereum-merge-blockchain-cbs-news-explains/#:~:text=What%20is%20the%20Merge%3F,only%20to%20the%20bitcoin%20network

https://ethereum.org/en/upgrades/merge/

https://decrypt.co/109518/ethereum-merge-institutional-adoption-bank-of-america

L’auteur de ce billet déclare détenir certaines positions dans les actifs mentionnés, mais déclare n’avoir aucune intention d’initier de positions majeures dans les 72 prochaines heures. Cet article est une opinion et ne doit en aucun temps être considéré comme un conseil en investissement.

Le contenu de ce billet, les données financières et économiques incluant les cotes boursières ainsi que toutes analyses et interprétations de celles-ci sont fournies à titre d’information seulement et en aucun cas ne doivent être considérées comme étant une recommandation ou un conseil d’acheter, de vendre, de vendre à découvert ou poser tout autre acte envers toute valeur mobilière, tout instrument dérivé ou tout actif ou classe d’actif quelconque.

L’investissement autonome actif devrait être considéré comme une activité de nature spéculative qui peut comporter des risques importants pouvant entraîner des pertes significatives en capital. Un investisseur autonome actif se doit d’avoir une compréhension de sa tolérance au risque et de ses objectifs d’investissement avant de considérer l’investissement autonome actif comme activité.

DayTrader Canada et les membres de son équipe ainsi que les collaborateurs externes ne peuvent donner aucune garantie ni assurance que les transactions boursières effectuées par ses lecteurs ou clients seront profitables. De plus, les membres de l’équipe de DayTrader Canada, ses formateurs et les collaborateurs externes, ne donneront, en aucun cas durant des formations ou toutes autres activités, des recommandations d’achat ou de vente sur des instruments financiers en particulier.

DayTrader Canada, ses administrateurs, dirigeants, employés et mandataires ne seront aucunement responsables des dommages, pertes ou frais encourus à la suite de la mise en application des notions apprises dans ses formations et/ou de l’utilisation de ses services.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *