L’ours fait son entrée sur les marchés

Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

Ce lundi marquait l’entrée de l’indice S&P 500 dans un bear market, une première depuis mars 2020, date où la pandémie s’est fait connaître par un vent de panique généralisé. Alors que les Banques Centrales tentent tant bien que mal d’apprivoiser l’inflation à l’aide des augmentations de taux, les investisseurs sont aux prises avec un marché baissier, une économie fragile et des prix à la hausse. Plus ou moins idéal comme situation.

Commençons tout d’abord par le bear market. Le bear market, représenté par l’ours, est signalé lorsque les prix du marché global diminuent par 20% ou plus de son plus haut niveau, accompagné d’attentes négatives sur les marchés par les investisseurs. En contraste avec le bull market, représenté par le taureau, qui est défini lorsque le marché grimpe de 20% suite à deux diminutions de 20%. Dans le cas présent, la diminution vertigineuse des marchés boursiers ce lundi était alimentée de toute part, et nul besoin de dire que le sentiment général sur les marchés est plutôt à l’inquiétude.

Le S&P 500 a terminé sa chute à 21.8% de son sommet du 3 janvier 2022. La chute réelle ce lundi a été enregistrée à 3.90%, sur une inquiétude grandissante concernant l’inflation et la solidité des résultats financiers à venir. En moyenne, les bear markets prennent un peu plus d’un an afin d’atteindre le fond du cycle baissier et font fondre les marchés de 32.7%. Prenant la période de 2007-2009, soit la crise des subprimes aux États-Unis, les marchés ont dégringolé de 57%, et de nombreux mois ont été nécessaires à la récupération des pertes.

Si nous effectuons la chaîne d’évènements encaissés par les investisseurs depuis le début de l’année, nous débuterions avec le 3 janvier 2022 et le sommet historique du S&P 500. Très peu de temps après, la Réserve fédérale américaine annonçait les signes précurseurs de pressions inflationnistes. Alors que le marché se remettait à la hausse, ayant incorporé les nouvelles prédictions de marché, la Russie déclare la guerre à l’Ukraine. Cet évènement plonge les marchés dans l’incertitude concernant les réserves de pétrole et sources d’énergie globale alors que de nombreux pays dévoilent les boycottages sur les produits russes. En mars, les premières hausses de taux se pointent le bout du nez. Rendant les dettes corporatives plus dispendieuses, les paiements des ménages ayant acheté une propriété à gros prix plus élevés, en plus d’une augmentation des prix généralisés sur les biens dits de base.

Les avis sont plutôt généralisés aujourd’hui. Un bear market de concert avec une récession amèneront d’autres maux de têtes aux investisseurs et ménages. Faisons toutefois une parenthèse cryptographique avant de se lancer dans ces répercussions. Pour ceux et celles qui suivent le marché des cryptomonnaies, la tendance des marchés boursiers traditionnels ont également été imités par le marché cryptographique. Le Bitcoin ($BTC) a plongé de son sommet de 65 000$ en fin 2021 à tout juste au-dessus de 20 000$, une dégringolade de près de 70%. Ce qui aura ajouté du feu sur l’huile, est la chute spectaculaire et soudaine de la monnaie TerraUSD ($UST) et TerraLuna ($LUNA) plongeant à virtuellement 0. Le phénomène a sérieusement été affecté par la récente annonce de la plateforme de cryptomonnaies Celsius Network d’arrêter tous retraits ou échanges de la plateforme, bloquant ainsi les fonds de millions d’utilisateurs. Depuis, les mauvaises nouvelles dans la sphère fusillent de partout. Renvoie de masse, blocage de transactions, pertes monumentales… tout n’est pas rose.

De retour au marché traditionnel, les investisseurs sont également inquiets de l’état de l’économie. Les économistes semblent pointer vers un niveau d’inflation encore plus élevé que ce que l’on connaît actuellement. 6.8% au Canada et 8.6% aux États-Unis ne seraient donc pas les sommets en termes d’inflation. Les menaces de récession sont nombreuses ces jours-ci. Quoique les récessions ne sont pas impérativement accompagnées d’un bear market, ils ont historiquement une relation plutôt intime.  Parmi les 14 derniers bear markets analysés par Bespoke Investment Group, 8 de ceux-ci ont débutés 2 ans suivant une récession.

Les différents secteurs du S&P 500 ont tous connu des reculs depuis le début de l’année, à l’exception du secteur de l’énergie. Le secteur des dépenses discrétionnaires, habituellement reliées avec les biens et services dits de luxe, a connu un repli de 34%, suivi de près par les services de télécommunications à 30.2%. Inversement, le secteur énergétique a connu un rebond de 49%, relié en majorité à la situation en Ukraine. Lorsqu’un bien devient rare, le prix de ce bien a tendance à grimper pour refléter cette rareté.

Un autre facteur contribuant à l’inquiétude généralisée est la volatilité. Mesurée par le VIX (Volatility Index) publié par le Chicago Board of Options Exchange a grimpé de 34 points ce lundi. Cette mesure de volatilité représente la volatilité incorporée dans les options sur le marché, plus elle est élevée, plus les options prennent de la valeur. Toutefois, cette valeur vient du fait que les marchés sont beaucoup plus sensibles à la moindre nouvelle financière ou économique. Selon Morgan Stanley, le S&P pourrait enregistrer une baisse de 9% par rapport au niveau actuel, s’arrêtant aux environs de 3400 points.

En tentant de terminer sur une note plus douce, LPL Research indique qu’une fois les prix enregistrent une diminution de 20%, la tendance observée est que les prix tendent à rebondir l’année suivante. La recherche de compagnies de qualité avec un modèle d’affaires prouvé devrait, en théorie, vaincre les temps difficiles d’aujourd’hui. Toutefois, les investisseurs devront faire preuve de patience puisque la tempête pourrait perdurer.

Sources :

https://www.bnnbloomberg.ca/tsx-enters-correction-territory-1.1778141

https://financialpost.com/pmn/business-pmn/u-s-stocks-bear-market-growl-could-beckon-recession

https://www.reuters.com/markets/europe/bear-market-beckons-us-stocks-2022-descent-deepens-2022-06-13/

https://www.cbc.ca/news/business/markets-crypto-monday-1.6486635

https://www.forbes.com/sites/jonathanponciano/2022/06/14/stock-market-carnage-set-to-worsen-as-fed-rate-decision-looms-heres-how-bad-it-could-get/?sh=1972d9276f84

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