Tout n’est pas rose pour les investisseurs

Cela fait maintenant plus de 3 ans que la pandémie de Covid-19 a atterri dans nos vies et a bousculé notre train quotidien. Certaines industries ont particulièrement été touchées à un point tel que de nombreux investisseurs voyaient difficilement comment certaines de ces entreprises pourraient sortir la tête de l’eau. Les nouvelles habitudes ont pris place et c’est ainsi que les intérêts de partir en voyage, en croisière ou tout simplement d’aller au cinéma a vu un arrêt presque complet.

Les deux premières industries ont connu une recrudescence depuis, l’achalandage dans les aéroports et les bateaux gigantesques a repris et les retards fâcheux s’y rattachant. La seule qui avait jusqu’ici davantage de difficulté à retrouver son rythme était celle du cinéma. Les abonnements de contenus télévisuels divers ont, pour une très grande portion des consommateurs, remplacé leurs visites au cinéma. Des compagnies telles que Cineplex (TSX :CGX), IMAX Corporation (NYSE :IMAX) ou encore AMC Entertainment Holdings (NYSE :AMC) ont eu droit à un délaissement à la fois des consommateurs, mais également des investisseurs. La preuve se trouve d’ailleurs toujours dans le cours de leur titre respectif.

Source : Tradingview – Performance des titres TSX :CGX, NYSE :IMAX et NYSE :AMC, 2020 à auj., 2023-08-14

Depuis 2020, la meilleure performance appartient à IMAX, avec un rendement de -1.78%. Cineplex récolte la dernière place avec -73.13%, suivant la débâcle de la transaction abandonnée avec Cineworld. AMC Entertainment a quant à lui été la proie d’un short squeeze en 2021, le propulsant jusqu’à près de 820% de rendement, avant de redescendre tranquillement à un niveau respectable.

Jusqu’ici cependant, il n’y avait pas eu de gros titres sur le blockbuster. Les productions ont tourné au ralenti, respectant les distanciations, et il aurait semblé que les ambitions des cinéastes tournaient également au neutre. Entre donc en scène deux films attendus : Barbie et Oppenheimer. Alors que les chiffres vont bon train par rapport à l’an dernier, les dirigeants des grands théâtres démarraient le 3e trimestre avec des poids lourds.

Les ventes de billets lors du premier weekend de leur sortie auraient généré des revenus approximatifs de $302M en Amérique du Nord. Les anticipations initiales de revenus pour ce duo cinématographique surnommé de Barbenheimer étaient alors de $235.5M. Il s’agissait d’un vent de fraîcheur pour les amateurs de cinéma et les curieux, comme il ne s’agissait pas de film à série, mais bien d’idées uniques, facilitant la vente de billets. Cette indication a par ailleurs été notée par Richard Gelfond, le PDG d’IMAX, mentionnant par ailleurs que plusieurs salles de cinéma affichaient déjà complet pour les semaines suivant les sorties tant attendues.

Cette part d’engouement et d’excitation coulera donc dans les revenus de nos compagnies liées à l’industrie cinématographies, apportant un baume pour les investisseurs qui ont vu jusqu’ici une destruction de valeur trimestre après trimestre de leurs investissements dans ce créneau depuis 2020. AMC a d’ailleurs mentionné que le mois de juillet représentait un mois record pour la compagnie, ayant généré le plus haut niveau de revenu de son histoire. Le cours du titre a d’ailleurs su matérialiser cette nouvelle encourageante, en montant de 5.6% pour atteindre 5.41$ le 8 août dernier.

Vers la fin de la semaine dernière, la teinte rosée de ces bons résultats a été ternie par une nouvelle décourageante pour les investisseurs de AMC Entertainment : une approbation de conversion d’action. Reculant de quelques semaines, AMC avait soumis à la cour un plan afin de convertir des actions privilégiées en actions ordinaires en vue d’une résolution de recours collectif. Ce recours avait été initié puisque AMC avait été accusé d’avoir arrangé le vote d’actionnariat leur permettant la conversion desdites actions.

La conversion des titres APE (AMC Preferred Equity) avait déjà essuyé un premier revers en Cour puisque ce plan ne prenait pas pleinement compte des droits des investisseurs préférentiels. La dilution étant repoussée, le titre augmentait de 33% le 21 juillet dernier et les préférentiels diminuaient de 20%.

Aujourd’hui, l’inverse s’est produit suite à une modification de la proposition par AMC. L’entente, évaluée à environ 120 millions de dollars, prévoit notamment 1 action additionnelle pour chaque 7.5 actions détenues pour les actionnaires ordinaires afin de compenser l’effet dilutif de la conversion. AMC a déjà fait part de son plan de convertir les actions privilégiées visées le 24 août prochain, lesquelles subiront un reverse stock split de 1 pour 10.

Ce litige mettrait fin aux préoccupations croissantes du management d’AMC, sur lesquelles la dette de 5.1 milliards de dollars portait un poids qui devenait difficilement soutenable. Cette entente permettra à l’entité de lever de nouveaux capitaux via la vente de nouvelles actions.

Naturellement, l’annonce a fait bondir le cours des parts privilégiées, tout en faisant plonger le cours des parts ordinaires. Une baisse de plus 35% pour les détenteurs d’actions ordinaires, reflétant l’anticipation de la dilution imminente. Il s’agissait ce lundi du titre boursier présentant la pire performance globale.

Source : Tradingview – Cours des titres NYSE :AMC et NYSE :APE, 1 an, 2023-08-14

Quoique toute l’histoire ne soit pas qu’uniquement rose, les investisseurs devraient se rappeler qu’en acceptant cette entente, l’option de se tourner vers la faillite du Chapitre 11 est une fois de plus écartée. Dans le cas de la faillite, les investisseurs ordinaires se retrouveraient au dernier rang de la longue liste de dettes se trouvant sur le bilan de la société. AMC Entertainment, à travers cette bataille de longue haleine, se trouve donc avec une deuxième chance en main dans un marché qui, vraisemblablement, n’est pas prêt à lâcher prise de l’industrie cinématographique aussi facilement que certains le croyaient en 2020.

Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

Sources:

https://www.forbes.com/sites/tylerroush/2023/08/08/amc-reports-highest-ever-monthly-revenue-after-barbie-and-oppenheimer-success-after-2nd-quarter-sales-beat-expectations/?sh=6bda3b023e81

https://s25.q4cdn.com/472643608/files/doc_earnings/2023/q2/earnings-result/AMC-Second-Quarter-2023-Earnings-Release-FINAL.pdf

https://www.bnnbloomberg.ca/amc-s-revised-stock-conversion-plan-approved-by-court-1.1958004

L’auteur de ce billet déclare détenir une position dans le titre de AMC Entertainment holdings inc, mais n’a aucune intention d’initier de transaction dans les 72 prochaines heures. Cet article est une opinion et ne doit en aucun temps être considéré comme un conseil en investissement.

Le contenu de ce billet, les données financières et économiques incluant les cotes boursières ainsi que toutes analyses et interprétations de celles-ci sont fournies à titre d’information seulement et en aucun cas ne doivent être considérées comme étant une recommandation ou un conseil d’acheter, de vendre, de vendre à découvert ou poser tout autre acte envers toute valeur mobilière, tout instrument dérivé ou tout actif ou classe d’actif quelconque.

L’investissement autonome actif devrait être considéré comme une activité de nature spéculative qui peut comporter des risques importants pouvant entraîner des pertes significatives en capital. Un investisseur autonome actif se doit d’avoir une compréhension de sa tolérance au risque et de ses objectifs d’investissement avant de considérer l’investissement autonome actif comme activité.

DayTrader Canada et les membres de son équipe ainsi que les collaborateurs externes ne peuvent donner aucune garantie ni assurance que les transactions boursières effectuées par ses lecteurs ou clients seront profitables. De plus, les membres de l’équipe de DayTrader Canada, ses formateurs et les collaborateurs externes, ne donneront, en aucun cas durant des formations ou toutes autres activités, des recommandations d’achat ou de vente sur des instruments financiers en particulier.

DayTrader Canada, ses administrateurs, dirigeants, employés et mandataires ne seront aucunement responsables des dommages, pertes ou frais encourus à la suite de la mise en application des notions apprises dans ses formations et/ou de l’utilisation de ses services.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *