Digitaliser la Banque du Canada

Depuis le début de l’année, le marché des actifs digitaux a connu plusieurs soubresauts. Alors que la majorité des citoyens se concentrent davantage sur leurs actifs tangibles, notamment le marché immobilier, certains évènements sont dignes de mention. Faisait suite à la chute de grands échanges centralisés, il s’agit d’une toute nouvelle scène pour de nombreux joueurs, y compris le Gouvernement du Canada. N’ayez crainte, loin sont les intentions d’utiliser le Dogecoin ($DOGE) comme monnaie nationale, heureusement.

En 2022, de nombreuses plateformes ont été forcé de fermer boutique, faute de compétence managériale et prise de risque excessive. Parmi celle-ci, Celsius Network, BlockFi, Voyager et FTX pour en nommer que quelques-unes. La fermeture de ces moyens d’échanges a provoqué un vent de panique sur les marchés, laissant les investisseurs et utilisateurs des réseaux digitaux troublés à savoir où détenir leurs actifs. La chute du géant FTX, quelques temps après l’échec monumental du Terra Luna, a eu un effet d’exode des plateformes centralisées. Une proportion grandissante d’utilisateur a d’ailleurs opté pour le choix d’un self-custodial wallet, soit un portefeuille digital où l’utilisateur est le seul détenteur et les actifs transférés demeurent la pleine propriété de ce dernier.

En mai dernier, une nouvelle tomba durement sur les adeptes de cryptos du marché canadien. Binance, plus grand échange d’actifs digitaux, se retirait du pays. Quoique l’annonce en ait surpris plusieurs, elle n’est pas arrivée complètement à l’improviste. Les raisons derrière leur retrait sont plutôt familières : un désaccord avec les instances de régulation. Alors que l’Ontario Securities Commission (ou OSC) requérait l’enregistrement de la plateforme dès 2021, Binance a dû se retirer du marché lorsque l’Alberta et d’autres province ait fait le même choix que l’OSC.

Le Canada est d’ailleurs reconnu comme étant un des pays les plus strict sur l’encadrement et l’utilisation de la cryptomonnaie. Cet encadrement sévère sur ce qui est perçu dans le milieu comme l’innovation technologique, découle du scandale de QuadrigaCX en 2019, où le président et fondateur détenant les seules clés cryptographiques afin d’accéder aux quelques 100 Bitcoins ($BTC) des clients, ait trouvé la mort lors d’un voyage en Inde.

Toutefois, après son annonce au Canada, d’autres pays y ont fait suite. La plateforme d’échange s’est retiré des Pays-Bas, de l’Autriche, de Belgique et de Chypre. Les raisons données ont tous la même saveur : régulateurs et impossibilité d’obtenir une licence d’opération valide. Binance s’est également amené les foudres des régulateurs australiens en avril dernier, voyant leur licence de produits dérivés annulée en plus d’être dans l’obligation de suspendre la méthode de transfert PayID, méthode couramment utilisée pour l’onramp de dollar australien.

Dans le spectre de l’exode des plateformes d’actifs digitaux, les quelques 11 plateformes autorisées ont vu une lueur d’espoir, étrangement presque immédiatement après le départ de Binance : Une consultation publique sur un dollar canadien numérique. Attention, ce nouveau dollar serait différent des devises digitales aujourd’hui sur les marchés. Ce dollar, ou monnaie numérique de banque centrale (MNBC ou CBDC en anglais), serait 100% contrôlé par l’état, tout comme le système physique actuel, un objectif à contre-sens de l’existence même des cryptomonnaies actuelles.

Comme la banque du Canada le fait savoir sur les premières lignes de sa consultation publique, le dollar numérique est différent des cryptomonnaies existantes puisqu’il serait garanti par la banque centrale et contrôlé au même titre que l’argent comptant. Sa valeur serait fixée, contrairement aux autres cryptomonnaies fluctuant allègrement aux vagues de l’offre et la demande. La Banque veut recueillir l’opinion publique à savoir si l’engouement, l’intérêt et l’intention d’utilisation peuvent répondre à l’objectif d’une telle initiative. Après tout, que de changer vers un dollar digital, nous supprimons effectivement l’impression de billets et pièces physiques, sauvant matériel et minerai précieux.

L’autre côté de la médaille, est l’incorporation encore plus vaste d’un risque de fraude, de cyberattaque et de difficulté d’utilisation par certains individus, sans oublier l’adaptation des systèmes bancaires actuels à cette nouvelle réalité.

Le rapport de cette consultation publique sera rendu disponible d’ici la fin de l’année. Les quelques 85 000 individus ayant fournis leur opinions et commentaires seront analysés et compilés afin de rendre un verdict à savoir si de plus amples études sont requises, ou si le projet est repoussé d’encore quelques années.

Carolyn Rogers, première sous-gouverneure de la Banque du Canada, démontrait d’ailleurs la nécessité de regarder un tel projet puisque moins de 20% des transactions au détail s’effectuaient en argent comptant. L’intérêt grandissant des citoyens canadiens sur les actifs digitaux, incluant un dollar canadien digital, déclenche également certains questionnements au niveau de la Banque.

D’autres arguments seraient d’ailleurs amenés au niveau du contrôle de l’inflation. Des mesures pourraient être mis en place plus rapidement afin de voir un effet presque instantané. Un meilleur contrôle de l’envoi de l’aide financière sociale, au paiement des loyers, aux allocations diverses mais surtout, une meilleure vision sur les revenus réels des particuliers. Malgré l’aspect digital de cette approche, tout est enregistré, tout comme sur la blockchain. Difficile de cacher certains revenus lorsqu’il existe un registre détaillé de tout entrées et sorties de fonds, destinaire, provenance, date et heure sont facilement vérifiable.

Des études sont notamment faites aujourd’hui sur les 11 pays ayant adopté une monnaie centrale digitale, incluant les Bahamas, la Jamaïque, les Caraïbes et le Nigéria afin de voir les répercussions d’une telle adoption. Selon plusieurs experts, le dollar digital ne représente pas une question de oui ou non, mais davantage de quand et comment.

Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

Sources:

https://financialpost.com/fp-finance/cryptocurrency/binance-exit-bank-of-canada-talks-digital-dollar-impact-crypto

https://blockworks.co/news/binance-leaving-austria

https://www.banqueducanada.ca/dollarnumerique/?theme_mode=light&_gl=1*vb9qc*_ga*MjA1MjU3MzY1MS4xNjcyNjk2NTc0*_ga_D0WRRH3RZH*MTY4NzgxNjMyNC45LjAuMTY4NzgxNjMyNS4wLjAuMA

https://www.cbc.ca/news/business/digital-dollar-central-bank-digital-currency-1.6841693

L’auteur de ce billet déclare détenir des positions dans l’actif $BTC mentionné mais n’a aucune intention d’initier des positions dans les 72 prochaines heures. Cet article est une opinion et ne doit en aucun temps être considéré comme un conseil en investissement.

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One response to “Digitaliser la Banque du Canada

  1. La création d’une monnaie digitale de la banque centrale n’est qu’un moyen détourné de rendre acceptable l’abandon de l’argent liquide, des billets de banque et augmenter le contrôle du Gouvernement sur le simple citoyen. L’argent liquide c’est la liberté, liberté de choix des dépenses qu’on veut faire, liberté de choix de à qui on veut donner notre argent, liberté de déterminer comment on compense les heures et les efforts déployés pour nous-mêmes, la famille et l’avenir. Faut garder la cryptomonnaie en dehors des gouvernements.

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