BRICS : Un nouveau standard à l’horizon?

Un sujet courant des dernières semaines est celui de la récente rencontre du BRIC. Informellement intitulé ainsi à l’époque, ce regroupement de pays, maintenant officiel, a fait quelques remous sur les économies à travers le monde. Les pays participants tentent tant bien que mal que de se dissocier au maximum des pays de l’Occident. Cela s’avère non seulement colossal, mais très peu évident considérant l’interrelation des économies mondiales, mais surtout, de la monnaie commune encore aujourd’hui : le dollar américain.

Débutons toutefois par une leçon d’histoire. L’alliance BRIC, découlant des pays instigateurs, soit le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, se sont regroupés sous une bannière unique afin de s’entraider sur le plan économique. La composition initiale a été conservée en 2009 et 2010 voyait l’arrivée de l’Afrique du Sud au mouvement, changeant l’acronyme pour BRICS. Dès 2024, 6 autres pays devraient faire leur entrée au sein de ce regroupement informel, soit les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et l’Arabie-Saoudite. Vous débuterez comme moi à comprendre l’ampleur économique du regroupement, mais que veulent-ils exactement?

Comme brièvement mentionnés plus tôt, les pays du BRICS désirent avant tout se détacher économiquement de leur dépendance aux pays occidentaux et surtout, aux États-Unis. Ce détachement se veut être un détachement de toutes relations proches avec ces derniers. Les transactions économiques, à lire ici, imports et exports, seraient revues à la baisse, limitation des liens politiques et surtout, l’abandon de la monnaie « commune » qu’est le dollar américain.

Au premier regard, il est normal de se demander si un tel abandon aurait un impact sur la monnaie américaine. En considérant les 5 membres actuels, ils représentent près de 40% de la population mondiale et tout juste au-dessus du quart du PIB mondial. En ajoutant des pays « poids lourds » à la balance économique, comme l’Arabie-Saoudite et l’Iran, tout deux grands producteurs et exportateurs de pétrole, l’impact devient soudainement plus inquiétant.

Il est vrai qu’en début de 2023, les pays du BRICS, individuellement, se trouvaient derrière chacun des pays du G7 en termes de PIB par habitant, dont les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et le Japon font partie. Il faut toutefois considérer que les pays comme la Chine et l’Inde sont des pays comptant une très grande population, toujours en croissance, alors que celle des pays du G7 connaît un ralentissement à ce niveau.

Alors que le 15e Sommet du BRIC s’est achevé le 24 août dernier, plusieurs rumeurs planent toujours quant à la méthode de s’éloigner des devises telles l’Euro ou le dollar américain. Celle qui ressort du lot, est celle de l’adoption d’une devise adossée à l’or, une mécanique qui n’est pas nouvelle en soit puisqu’elle a été introduite il y a bien des années, par de nombreux pays, mais jamais retenue comme solution politique.

L’adossement à l’or amène cependant son pesant de problèmes. Notamment, lorsque nous prenons compte des mécaniques de mouvements des devises entre divers pays, appelés Balance des paiements.

Grossièrement, nous pouvons voir la Balance des paiements comme étant un état de compte de qui doit quoi à qui. En théorie, cette Balance devrait être de zéro, indiquant un équilibre entre les sorties et entrées de fonds du pays en question. Un déficit indique une proportion plus importante d’imports d’autrui que d’exports, en laissant de côté les mouvements dits « financiers » des investissements à l’étranger. Difficile de faire les comptes lorsqu’un groupe utilise une monnaie et un autre groupe une seconde monnaie.

Un deuxième obstacle de taille, est qu’il serait implicite avec cette nouvelle monnaie que chaque unité soit convertible en or, puisqu’elle y est adossée. Non seulement, le prix de l’or est en constante fluctuation, et affecte donc directement la « valeur » de cette nouvelle devise, mais elle ne pourra être parfaitement adossée. La réalité est que les unités en question se multiplieront à un rythme beaucoup plus important que l’or. Il s’agirait donc d’un adossement fractionnel, ce qui ne serait pas viable à long terme. Après tout, si le narratif change maintenant qu’une unité de cette devise ne soit qu’en réalité « sécurisée » par une fraction du minerai et que le rythme de croissance ne fasse que diminuer, alors que l’émission de devise ne fait qu’augmenter, la dépréciation perpétuelle semble être dans les cartes.

À titre d’exemple, une réserve fractionnelle s’apparente à la situation de la défunte Silicon Valley Bank, où elle ne détenait pas assez d’actifs liquides pour les distribuer aux demandeurs, une situation répliquée chez FTX, l’échange centrale de crypto maintenant sous la faillite.

Les économistes sont d’avis que le changement de devise, s’il y a lieu, devra voir d’autres moutures afin de répondre à l’objectif initial. Ils sont cependant d’avis que d’autres actions des pays du BRICS pourraient s’avérer percutantes pour le dollar américain. Plus précisément, si les pays du regroupement utilisaient une monnaie autre, par exemple le Yuan chinois, la demande pour le dollar US chuterait au fil des années, le dépréciant au passage.

Il s’agit toujours de vives discussions puisque les derniers commentaires des représentants de l’Inde pointent à l’effet que l’accent est plutôt mis sur générer et maximiser les extrants économiques dans leurs devises respectives, ce qui laisse présager, encore une fois, le délaissement de la monnaie américaine.

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Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

Sources:

https://www.lapresse.ca/international/2023-08-20/sommet-des-brics/alliance-economique-casse-tete-diplomatique.php

https://www.cbc.ca/news/world/brics-expansion-plans-1.6945994

https://cointelegraph.com/news/gold-backed-brics-currency-very-hard-to-deliver-lyn-alden

https://www.forbes.com/sites/nathanlewis/2023/07/16/the-brics-go-for-gold/?sh=6e0cbd0f5eb3

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